Photo : Tanya St-Pierre

Superviser l’oubli

Sporobole, Sherbrooke, 2019

FR

Superviser l’oubli est une installation in-situ qui s’articule simultanément en deux lieux : à la fois dans l’espace galerie de Sporobole et dans le stationnement Webster adjacent. En galerie, un dispositif de fabrication d’images se présente comme l’atelier-laboratoire d’une mémoire personnelle. Des objets y sont disposés, accumulés, classés, archivés. Dans le même esprit que le sont les données dans des fermes de serveurs, ces objets sont à la fois information et mémoire. Ce système d’enregistrement et de transmission de contenu est connecté avec un point de réception externe. À l’extérieur, le public peut voir la diffusion de ces images, monitorées à l’intérieur d’un poste de garde – telle une mémoire vive, elle-même « stockée » sur un support externe qui prend place dans l’espace cartésien du stationnement à étages qui jouxte Sporobole. Métaphore analogique de l’encodage numérique et des systèmes d’archivage automatisés que sont les réseaux sociaux, savons-nous que nos mémoires – désormais uploadées dans le « cloud » – ne nous appartiennent plus ?

Être connecté aujourd’hui, c’est notamment « exister » dans plus d’un lieu à la fois : nos identités sont dupliquées et mises à jour en temps réel au gré de nos interactions numériques, dans un aller-retour entre le réseau et soi-même. Comment s’échappe-t-on de cette boucle récursive ? Par quels moyens est-il possible de prendre une distance ? D’observer les mécanismes qui surveillent, analysent et traitent nos moindres gestes traversant vers le virtuel ?

Texte de Nathalie Bachand

EN

Superviser l’oubli is an in-situ installation that is simultaneously articulated in two locations: both in the Sporobole exhibition space and in the nearby Webster parking lot. In the gallery, an image making device is presented as a workshop-laboratory of a personal memory. Objects are displayed, accumulated, classified and archived. In the same vein as server farms data, these objects are both information and memory. This content recording and transmission system is connected with an external reception point. Outside, the public can see the diffusion of these images, monitored inside a guardhouse station – such as a living memory, itself “stored” on an external support that takes place in the cartesian space of the multi-storey parking lot next to Sporobole. As an analog metaphor for digital encoding and automated archiving systems such as social networks, do we know that our memories – now uploaded to the cloud – no longer belong to us?

Being connected today means “existing” in more than one place at a time: our identities are duplicated and updated in real time as we interact digitally, in a round trip between the network and ourselves. How do we escape from this recurring loop? By what means is it possible to take a distance, to observe the mechanisms that monitor, analyze and process our every move through to the virtual?

Text : Nathalie Bachand