Self Control Room

ARTICULE, Montréal, 2014

« Ce qui devait nous assurer une surveillance en temps réel et en continu, est en définitive plutôt un dispositif de brouillage de présences. »
Sylvain Campeau, Huffington Post

« Self Control Room ouvre d’autres portes, construisant un récit, celui d’un monde trouble, qui brouille nos repères. L’oeuvre mélange les temporalités et les espaces, à la manière de cette affirmation-hypothèse inscrite sur la vitrine d’Articule et lisible en plusieurs temps, grâce à une mise en scène bien étudiée : « Il est possible que vous soyez ici, mais que vos pensées, elles, soient ailleurs. Vous n’avez pas à choisir. »
Jérôme Delgado, Le Devoir

FR
Self Control Room questionne les limites du récit en proposant une installation où l’espace-temps est à la fois fragmenté et replié sur lui-même. Dans cet ensemble qui est composé d’éléments architecturaux, de mobilier et d’un système vidéo, un personnage rode et s’active, apparaissant et disparaissant sous nos yeux. Le spectateur, qui n’échappe pas au dispositif, oscille lui aussi entre présence et absence.

L’exposition est également un approfondissement de l’idée même de projet. Ce concept, incontournable dans notre société, imprègne l’ensemble des sphères de l’activité humaine, qu’elles soient liées au travail, à la vie domestique, au loisir ou aux relations interpersonnelles. Son omniprésence implique que l’être humain a une emprise sur les différents aspects de sa vie et qu’il peut planifier et mettre en oeuvre cette dernière comme toutes réalisations ponctuelles. Les notions de contrôle et de domination paraissent irréductibles à cette perception. C’est cette conception existentielle du projet qu’explore l’exposition.

À l’ère de la médiatisation de soi, l’autoconstruction du sujet passe par une mise en scène qui prend la forme d’un monitorage en continu de ses activités. Ce faisant, le processus même de cette autoconstruction est également surveillé. Le paradoxe se télescope ainsi à un autre niveau, celui de la mise en scène des processus de contrôle du projet, comme dans l’image du théâtre dans le théâtre où l’on voit poindre la figure de la mise en abyme.

EN
Self Control Room pushes the boundaries of narrative as space-time is at once fragmented and collapsed onto itself. In this installation comprising architectural elements, furniture, and a video surveillance system, a roaming figure rushes by, appearing and disappearing before our eyes. The viewer, who doesn’t escape the cameras, also oscillates between presence and absence.

The exhibition also deepens the idea of the « project ». This concept, inescapable in our society, permeates all spheres of human activity, whether they relate to work, domestic life, leisure or relationships. The project is defined by its finitude, it is something that one programs, carries out, and concludes. Its omnipresence implies a definition of the human being as one who has a grip on the different aspects of his life. He can plan and implement it as if it were any other occasional initiative. The notions of control and domination seem irreducible to this perception. This existential concept of the “project” is explored in the exhibition.

In an era of self-mediatization, the auto-construction of the subject happens through a mise-en-scène in which its activities are monitored, so that the very process of auto-construction is also under surveillance. The paradox reaches another level with the project’s staging of the process of control, as in the mise-en-abyme of the theatre’s play within a play.